La distillerie

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Centre Ancien

La cheminée de la distillerie

Nous nous trouvons devant les vestiges de la cheminée de la distillerie coopérative de Nissan, centre important de la vie du village pendant de nombreuses années. Le marc de raisin, c’est-à-dire les résidus du pressage des raisins, contient assez d’alcool pour qu’on puisse le récupérer par distillation. L’essor de la viticulture a produit de très gros volumes de marc et permis la récupération de quantités importantes d’alcool. Le regroupement des activités de distillation dans une coopérative permettait la valorisation des marcs de tous les vignerons du village.

Nous pouvons remarquer, au-delà des vestiges de la distillerie, la présence d’un fossé bâti. Ce fossé rejoint vers le sud le ruisseau de la Lausse, le Rec, qui conduit une partie des eaux de pluie vers l’étang de Capestang. Dans l’autre direction, ce fossé passe en diagonale sous l’avenue de la Cave dans un aqueduc qui rejoint l’angle du Plo. A ce point, il recueillait les eaux des fossés qui longeaient le Plo depuis l’est et le nord, le long de l’avenue de la Cave.

Le nom de cette avenue rappelle cet ancien fossé, la cava (“la fosse”, terme occitan qui désigne les fossés d’un rempart), doublé d’un chemin tout du long, nommé “chemin de derrière la Cave”. Ce chemin a donné son nom au faubourg construit le long de cette rue, à l’extérieur du centre ancien, longtemps appelé quartier de derrière la Cave. Ce fossé a été comblé au XVIIIe siècle, car il était devenu très insalubre.

Maisons vigneronnes
Une enfilade de maisons vigneronnes, exemple de l’urbanisation de ce faubourg entre la fin du XIXè siècle et le début du XXè

Nous allons remonter cette avenue de la Cave vers le nord en imaginant donc que le chemin longe, sur notre droite, un fossé où coule un ruisseau, creusé au pied des remparts. 

En remontant ainsi vers le haut du village, nous ferons plusieurs observations. Sur le bas de l’avenue, tout de suite après la rue du Clos, nous remarquons jusqu’à la hauteur du n° 27, une série de maisons de plan similaire. Ce sont de très beaux exemples de maisons vigneronnes. Ce modèle, qui loge des gens modestes, ne comporte pas de magasin au rez de chaussée, les habitants n’ayant pas assez de terres pour posséder un cheval.

L’étude des plans cadastraux nous apprend que ces maisons ont été bâties après 1823, probablement vers la fin du XIXe siècle, sur des terrains préalablement vierges d’habitations. Cet espace libre qui s’ouvrait vers l’ouest, délimité par le ruisseau de la Lausse au sud et la route de Capestang au nord, s’étendait sur près de six hectares et constituait la terre noble du Claux dont Martin Dedon, au XVIIe siècle, était le seigneur. Il y possédait une condamine, un jardin et un moulin à huile.

Une partie des eaux qui devaient couler dans le fossé avait d’ailleurs était détournée  par les Dedon qui avaient construit un réservoir dont on a retrouvé des traces en haut de la rue et un aqueduc qui la traversait et qui permettait d’arroser le jardin de la terre du Claux.

maison vigneronne Nissan
Maison vigneronne du n° 34

Cette famille Dedon, qui possédait également la métairie de Fontrames et d’autres terres à Saint Jean de Caissan (la Vernède), à Roque Traoucade et sur le chemin d’Ensérune (à “Cailho”), a joué un rôle important dans l’administration du village au XVIIe siècle.

Ses descendants ont quitté le village vers la fin du XVIIIe siècle pour embrasser des carrières militaires qui les ont conduits aux plus hautes distinctions. C’est ainsi que l’un d’eux, Laurent Barnabé Dedon, a été responsable de l’artillerie du Royaume de Naples à l’époque de Joachim Murat. Son frère, François Louis Dedon-Duclos, également général d’artillerie, fut un héros des guerres napoléoniennes. Son nom figure sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile.

De l’autre coté de la rue, la maison du n° 34 est typique des maisons vigneronnes du début du XXe siècle avec sa porte d’entrée, le portail du «magasin» (à gauche) et le logis à deux fenêtres à l’étage. Remarquons que la fenêtre du grenier à conservé sa poulie (la carrèla en occitan) qui permettait de monter les charges. La petite fenêtre à droite de la porte est une addition récente.

Les dates que nous verrons sur certaines façades, en haut de cette rue, juste sous les génoises, ne doivent pas faire illusion. Il s’agit en général de la date du dernier ravalement de la façade qui est elle même plus ancienne.

maison du maréchal ferrand Nissan
La maison du Maréchal Ferrand

En passant, remarquons sur la droite (entre les n° 30 et 32), un linteau orné d’une tête de cheval . La maison abritait autrefois le maréchal-ferrant.

Comme la bourrellerie, route de Lespignan, la tonnellerie et la quincaillerie (pour les ustensiles liés à la vigne et au vin) située un peu plus haut, au dessus de la rue de la fontaine, l’activité de ferrage des chevaux était essentielle au village.

La maison du 56 Nissan
La maison du n°56

En continuant notre cheminement vers le haut de la rue de la Cave, nous retrouvons, sur la droite (n° 56), une maison vigneronne, avec son plan caractéristique à deux travées. La porte d’entrée est ici à gauche mais le plan général est similaire.

Nous arrivons ainsi à la rue de la Fontaine qui s’ouvre sur la droite, en partie basse et qui matérialise à cet endroit le tracé de l’ancien fossé qui ceinturait le village.

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