Ecole de garçons

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Centre Ancien

Signatures et marques d'une délibération consulaire en 1663
L’emplacement de l’école des garçons

L’école de garçons acquise par la municipalité en 1871 occupait autrefois l’emplacement actuel de la médiathèque et du square qui lui est attenant.

La présence d’un régent des écoles est attestée à Nissan depuis 1653. Bien que l’enseignement des garçons soit prépondérant (il s’agissait de leur apprendre à lire, à écrire et à compter) celui des filles est aussi mentionné. Dans leur cas, il s’agissait surtout de les instruire en religion, la plupart ne sachant finalement ni lire ni écrire.

Signatures et marques d'une délibération consulaire en 1663
Signatures et marques d’une délibération consulaire en 1663

La capacité de signer correctement ne sera acquise que très progressivement, dans la seconde moitié du XVIIe siècle pour les garçons (artisans et classes fortunées) et avec un siècle de décalage pour les filles et uniquement dans les classes fortunées. Cet enseignement ne s’adresse donc qu’aux familles les plus riches, si l’on en juge par la proportion de nissanais ne sachant pas écrire.

Une autre facette de l’alphabétisation concerne la langue parlée par les habitants de la région. Les langues romanes se différencient progressivement du latin durant le haut Moyen Âge.

Peu de témoins écrits de ces langues nous ont été conservés. On peut citer le serment de Strasbourg en 842 qui détaille en roman et en tudesque les attendus du traité. On peut également citer vers 1060-1065 la chanson de Sainte Foy d’Agen, écrite dans cette langue romane du midi qui n’est alors encore ni de l’occitan ni du catalan.

On sait quel usage et quel devenir aura cette langue dans le siècle suivant grâce à la poésie des troubadours qui fleurira dans toutes les cours du midi, de celle de Guillaume IX, duc d’Aquitaine à celle d’Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, en passant par les cours Barcelonaise et castillanes, et comment  une langue commune issue de ces productions littéraires va s’imposer de l’Aquitaine à la Provence puis jusqu’en Italie et dans les Espagnes.

A l’issue de la croisade des albigeois, cette culture occitane va s’effacer. La langue demeurera dans l’usage domestique, parlée mais non écrite et donc livrée à toutes les dérives. Quelques tentatives vont tout de même, en particulier depuis la Renaissance, faire vivre l’occitan en tant que langue littéraire mais, faute d’un sentiment, désormais perdu, d’appartenance à une culture commune, ce sera sous des formes diverses, dialectales et abâtardies. 

Le Prince perdu (La Quimera J.Bodon)
Un extrait de la Quimèra, roman de Joan Bodon, l’un des écrivains majeurs occitans du XXe siècle (le héros, esclave en Barbarie, rêve de son pays perdu)

Il faudra attendre la renaissance mistralienne et la création du  félibrige pour retrouver partiellement, au sein de l’ensemble provençal, cette conscience commune qui fait de la langue un véhicule de culture. On verra alors s’épanouir une riche littérature dont le mouvement perdure aujourd’hui dans tout l’espace occitan. 

Cette renaissance ne s’opérera pas sans paradoxes, les instituteurs occitanophones du début du XXe siècle qui prisaient ces productions littéraires, faisant, dans le même temps, dans leurs cours d’école, la chasse aux élèves qui s’exprimaient en “patois”.

La tentative de reconquête populaire de l’occitan est plus récente. Elle se concrétise désormais par la mise en place d’épreuves d’occitan au bac, de diplômes universitaires correspondant et le développement d’un enseignement dans cette langue, illustré par la création des écoles occitanes, les calendretas, per faire encara un còp sonar l’òc dins la boca dels mainatges.

Emile Barthe par Roustan
Emile Barthe par Roustan

Au sein de ce renouveau, Nissan figure en bonne place grâce à Emile Barthe (1874-1939), félibre réputé, auteur de nombreuses pièces de théâtre qui, dans les années trente, attiraient au théâtre de Béziers une foule nombreuse.

L’association les Amis de Nissan, comme cela est inscrit dans ses statuts, milite pour la défense et l’illustration de l’occitan. Cette diversité culturelle qui s’incarne dans les langues de France constitue à nos yeux une richesse pour l’avenir et contribue à lutter contre une uniformisation qui nous appauvrit tous.

En nous adossant à la médiathèque, nous voyons devant nous une grande maison qui abrite aujourd’hui un office notarial. Elle est, comme plusieurs maisons du village, notamment celle que nous venons de voir en revenant de l’église et celle qui jouxte la médiathèque, caractéristique des constructions de la fin du XIXe siècle dues à la richesse viticole de la région.

La maison notariale
La maison notariale

En effet, lors de la crise du phylloxera, l’ensemble du vignoble français fut ruiné mais la région de Béziers fut la dernière touchée par le fléau. Outre le fait qu’elle a pu bénéficier l’une des premières de la mise au point du système de greffe sur des porte-greffes résistants au parasite, elle a été pendant un temps la seule région française pouvant encore produire du vin.

Ce quasi monopole lui a valu une richesse considérable qui s’est traduite par l’édification des châteaux pinardiers du voisinage et, dans les villages, de maisons particulièrement vastes, ornées et spacieuses. On découvre d’autres maisons de ce type dans les faubourgs du village, au hasard des promenades.

Depuis la médiathèque, nous allons revenir sur l’avenue de Lespignan vers le plan qui s’ouvre à droite (vers l’ouest). Plaçons nous en haut des escaliers.

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